Voilà que ce mercredi 29 octobre, tout Bordeaux vibrait au rythme du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire (GSEF 2025). C’est la première fois que ce forum international est organisé en France pour débattre, partager et imaginer ensemble des solutions durables autour du thème de l’ESS – « L’ESS, une condition pour la transition juste vers des territoires résilients et le bien-être de leurs habitants » -. Une vitrine mondiale où le Master Communication des Organisations se devait d’être présent…
C’est donc pour participer à une conférence sur « Le retour de bâton anti-écologique [ou] comment les médias résistent-ils ? » qu’Aurore Avezou s’est rendue au Hangar 14, un grand hall à l’ambiance chaleureuse, mêlant apéro, discussions animées, conférences et tables rondes.
Le débat, mené par Hervé Kempf (Reporterre) et Charles Lucazeau (Coop Médias), a exploré les tensions existantes entre indépendance journalistique et pression du capitalisme médiatique. Retour sur ces échanges !
La guerre d’indépendance des médias :
Hervé Kempf a d’abord présenté Reporterre, média d’accès libre, sans publicité, entièrement financé par les dons. Une manière concrète, selon lui, d’incarner un modèle post-capitaliste où l’information n’est pas un produit mais un bien commun.
Il a insisté sur l’importance de l’indépendance économique des médias, condition indispensable pour garantir une information fiable et vérifiée. Face à la concentration des grands groupes médiatiques entre les mains de milliardaires, il appelle à une vigilance citoyenne : « Se battre pour une information indépendante, c’est un enjeu de santé publique ». Selon lui, la « radicalisation du capitalisme » rend la presse libre plus essentielle que jamais.
Charles Lucazeau, co-fondateur de Coop Médias a souligné, de son côté, le besoin de replacer les médias indépendants au cœur du débat public.
Comment les médias résistent-ils ?
Derrière ce retour de bâton anti-écologique , une question essentielle reste posée. Alors que les enjeux climatiques sont désormais connus de toutes et tous, pourquoi observons nous toujours une forme de désintérêt, voire de recul, de la couverture médiatique des sujets écologiques ?
Selon Hervé Kempf, le “backlash écologique” [réaction hostile contre les politiques environnementales perçues comme contraignantes ou injustes] n’est pas tant un retour en arrière qu’une nouvelle phase de mouvement politique.
Il rappelle que ce sujet répondait pendant un temps à un enjeu de connaissance : il fallait éduquer les citoyens à la question écologique et aux enjeux en découlant. Aujourd’hui, ce défi a été rempli, et les différentes générations de notre société ont connaissance du sujet climatique, écologique et environnemental. C’est cette avancée qui peut expliquer en partie l’impression d’un recul dans le traitement médiatique de ce sujet. Mais cette impression semble erronée : la prise de conscience environnementale progresse, mais elle se heurte à la radicalisation du capitalisme et de ses relais médiatiques.
De son côté, Charles Lucazeau indique que les sujets environnementaux ne représentent que 2% du temps d’antenne dans les médias français (Selon une étude de l’Observatoire des médias sur l’écologie). Pour lui, il est urgent que les citoyens se réapproprient les récits médiatiques : suivre, partager et soutenir les médias indépendants, même à petite échelle, peut avoir un réel impact. « Avec nos portefeuilles, nos clics et nos mails, nous pouvons faire bouger les lignes », a-t-il souligné, évoquant le pouvoir des mobilisations collectives en ligne.
Reprendre la main collectivement !
En conclusion, les deux intervenants ont rappelé l’importance de ne pas baisser les bras :
« Se battre pour une information libre, c’est se battre pour la démocratie.
Les dominants ont peur du peuple, alors faisons corps et agissons ensemble ».
Cette rencontre relate l’image forte d’un journalisme qui résiste, au service d’une conviction partagée : ici, l’indépendance de l’information est une condition pour se réapproprier l’écologie et d’autres sujets médiatiques qui nous importent.
Charles Lucazeau et Hervé Kempf ont conclu en encourageant le public à agir collectivement : suivre, soutenir, écrire, boycotter si nécessaire.
Rien de tel qu’un forum mondial de l’ESS pour permettre une rencontre engagée ; de celle qui nous rappelle qu’une information libre, c’est un bien commun à défendre ensemble.
PS/ Un grand bravo à Jean-Luc Maurin, professionnel associé au Master, et ses équipes en charge de l’organisation du GSEF 2025
Aurore Avezou
[M1 ; promo 2027]

