Retour sur le colloque européen EUROPA à Limoges

« Hâtons nous de profiter de certaines villes tant qu’elles sont encore mortes. »
André Thérive (critique littéraire français)


L’Hôtel de Ville de Limoges

C’est en suivant l’adage ci-dessus que votre équipe préférée est partie en périple dans le Limousin, afin de vous tenir informés des grandes questions qui agitent le monde de la communication. Bande de petits chanceux !!!
Le 28 novembre, direction Limoges, pour assister au colloque européen EUROPA : L’action publique à l’épreuve de la désinformation — quelles réponses pour protéger la démocratie ?

Comprendre la désinformation

Chercheurs, juristes, constitutionnalistes et acteurs publics se sont succédés à la tribune pour décortiquer un phénomène qui ne cesse de s’amplifier : la désinformation.

Premier constat : la désinformation n’est pas juste une « fausse info ». Comme l’a rappelé Arnaud Mercier, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Paris Panthéon – Assas, elle repose sur trois ingrédients précis :

 

  • une distorsion des faits,

  • une intentionnalité,

  • une volonté de nuire.

Autrement dit, il ne s’agit pas d’erreur, mais bien de manipulation. Son objectif est clair : instiller le doute, brouiller les repères et, à terme, paralyser le jugement citoyen.

 

Un terrain de jeu numérique idéal

Le numérique introduit un terrain  particulièrement favorable à la propagation des fausses informations. Réseaux sociaux, algorithmes et émotions fortes font circuler l’information plus vite que jamais et souvent sans filtre. Aussi, chacun à désormais tendance à s’informer seul, dans sa bulle, en étant convaincu d’avoir raison.

Le contexte et l’usage constituent alors un terreau fertile qui accompagne la recrue d’essence des discours populistes, des ingérences étrangères ou encore toute remise en cause des résultats électoraux.

Une démocratie fragilisée

Le résultat ?
Une démocratie qui se grippe. Comme l’a souligné Mathias Revon, constitutionnaliste – Maître de conférences en droit public à l’Université de Limoges (OMIJ) , c’est la légitimité même des représentants qui se trouve fragilisée : si les électeurs ne disposent plus d’une information fiable leur permettant un jugement éclairé, c’est tout le processus démocratique qui vacille.

 

 

L’éléphant dans la pièce : l’intelligence artificielle

Entre les deepfakes ultraréalistes, les algorithmes opaques, « l’algocratie »… la technologie n’est pas neutre, mais elle n’est pas diabolique non plus. Tout l’enjeu réside dans la transparence, la régulation et l’éducation.

Quelles réponses pour l’action publique ?

Un message ressort avec force : l’action publique est plus urgente que jamais pour préserver nos démocraties.

  • Mais comment agir efficacement avec un arsenal juridique souvent dépassé par la vitesse du numérique ?
  • La solution se trouve-t-elle du côté de la société civile, de l’éducation aux médias, ou d’un nouveau modèle de gouvernance ?

Une mise en garde essentielle

Une citation d’Hannah Arendt, rappelée à la tribune, résume parfaitement les enjeux des débats :
« Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et, avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez. »

En conclusion

Pour les communicants d’aujourd’hui et de demain, le combat contre la désinformation n’est donc pas seulement juridique ou technique : il est aussi éthique, pédagogique et profondément politique.

Récap de la journée par Léa
M1 – promo 2027