En cette année universitaire 25/26, Jean-Luc Maurin succède à Marie-Pascale Mignot en devenant le nouveau professionnel associé du Master Communication des Organisations. Aussi, nous avons cherché à mieux le connaître, revisiter son parcours pour mieux cerner sa vision de la communication et ses préoccupations du moment.
1) Bonjour, merci d’avoir accepté notre invitation, pour débuter notre échange, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour, je suis consultant au sein de la société coopérative O tempora, une agence de communication et de conseil de 17 personnes, où j’accompagne depuis plus de 20 ans des organisations (entreprises, collectivités, associations) dans leurs stratégies et leurs projets de communication. En parallèle, j’enseigne au sein du Master depuis maintenant plus de 25 ans, ce qui me permet de maintenir ce lien précieux entre théorie et pratique. J’interviens sur des sujets variés : stratégies de communication, éthique et déontologie, relations publiques, intelligence collective… Cette double casquette de praticien et d’enseignant se situe au cœur même de mon parcours professionnel.
2) Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre l’Université Bordeaux Montaigne en tant que professionnel associé ?
Trois raisons essentielles !
- D’abord, un engagement personnel : l’Université m’a formé et a joué un rôle fondamental dans ma construction professionnelle. J’ai à cœur de rendre ce qu’elle m’a transmis.
- Ensuite, une conviction : l’Université reste le meilleur lieu pour former des communicants éclairés, conscients de leurs responsabilités sociétales. Contrairement à une vision purement marchande et utilitariste de la communication, je défends une approche fondée sur le sens et les valeurs humanistes.
- Enfin, ce poste représente la continuité naturelle de mon parcours : après de nombreuses années d’enseignement en Master, je souhaitais m’investir davantage dans la formation, l’accompagnement des étudiants et le développement de passerelles entre l’Université et le monde professionnel me paraît une suite logique.
3) Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier au quotidien ?
En agence, chaque projet est différent, chaque organisation a ses propres enjeux. Cette diversité me stimule et m’oblige à rester en veille constante, il y a beaucoup d’adrénaline et jamais de lassitude ! Et en parallèle, l’enseignement me permet de prendre du recul sur mes pratiques et de réfléchir sur les évolutions de la communication. Ce va-et-vient entre action et réflexion est très enrichissant pour moi.
4) Selon vous, pourquoi la communication est-elle si importante aujourd’hui ?
Et qu’est-ce qui vous a donné envie de vous y consacrer ?
La communication n’est pas une activité neutre : elle structure les relations au sein des organisations, elle peut dynamiser la coopération et la réalisation de projets complexes et transversaux… Par ailleurs, elle permet également de renforcer le lien social au sein des collectifs de travail et dans les organisations mais également et plus généralement dans la cité. Dans un tel contexte – un monde marqué par l’infobésité, la prolifération des discours radicaux, clivants et manipulatoires, ajouté à cela la crise du sens au travail – bien communiquer devient un enjeu majeur pour notre société. Ce qui m’a attiré, c’est justement cette dimension à la fois technique et profondément humaine.
C’est un métier qui engage, qui questionne constamment notre rapport aux autres et au monde !
5) Comment imaginez-vous la communication de demain ?
Je crois à une communication plus responsable, plus frugale, plus éthique, et plus collaborative. Les mutations sont déjà en cours : montée des enjeux RSE, exigence d’authenticité de la part des publics, transformation numérique et IA qui bouleversent nos pratiques… La communication de demain devra être capable d’articuler performance technique et exigence éthique.
Elle devra aussi, mieux intégrer l’intelligence collective, la co-construction avec les parties prenantes, le dialogue respectueux avec l’ensemble des acteurs de son environnement.
Les communicants de demain seront des facilitateurs, des médiateurs,
capables d’animer des communautés et de créer du sens partagé.
6) Quelles sont, selon vous, les trois compétences essentielles d’un bon professionnel de la communication ?
- La rigueur méthodologique d’abord : savoir poser un diagnostic, élaborer une stratégie, piloter un projet de A à Z.
- L’adaptabilité ensuite : notre métier est en transformation permanente, il faut accepter de se remettre en question et d’apprendre en continu.
- Et enfin et surtout, le sens critique et l’engagement éthique : un bon communicant ne se contente pas d’exécuter, il interroge le sens de ce qu’il produit, il mesure l’impact de ses actions sur son environnement, tout en respectant le droit de chacun à une information de qualité.
La technique ne suffit pas, il faut travailler en conscience.
7) Pour finir est ce que vous avez un message que vous aimeriez adresser aux étudiants qui vous liront ?
Profitez de ces années de formation pour construire votre propre vision de la communication, au-delà des modes et des discours convenus. Soyez curieux, osez questionner, confrontez la théorie à la pratique. Et surtout, ne perdez jamais de vue que la communication est un métier qui engage : vous aurez le pouvoir d’influencer, de transformer, de créer du lien ou de la division… Cette responsabilité nous oblige !
propos recueillis par Nicolas Montaigne
M1 – promo 2027
