Jeudi 14 octobre dernier s’est tenue une réunion de professionnels organisée par le FAB (Festival International des Arts de Bordeaux Métropole) à la MECA (Maison de l’économie créative et de la culture en Nouvelle Aquitaine), afin d’échanger autour d’un sujet d’actualité alliant culture et communication : Co-construire une culture numérique pour accompagner l’évolution des métiers du spectacle vivant.

 

Une conférence animée par Alexandre PÉRAUD, responsable scientifique UBIC et maître de conférences en littérature française et diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux.
Avec :

Les Nouvelles Technologies, alliés de la pandémie ?

 

La récente pandémie a grandement incité les structures culturelles à passer au numérique pour réussir à garder un lien avec leur public. Sylvie VIOLAN, directrice du FAB et de la Scène nationale Carré-Colonnes, nous explique la nécessité de trouver une autre manière de favoriser le lien humain avec l’aide du numérique… Et revient sur deux projets singuliers :

  • Zoom sur « Les Extraordinaires »  réalisés par la Cie Volubilis : une web-série tournée dans la ville, donnant rendez-vous aux habitants à 19h en ligne pour la diffusion de chaque épisode. L’objectif : montrer ce qu’il se passe quand la ville est confinée.
  • Zoom sur « La Newslaitue » imaginée par la Cie Opéra Pagai. Le point de départ : inviter le public de la Scène nationale a planté des semis sur le parvis du théâtre et à suivre les plantations via une newsletter particulière, une Newslaitue inspirante et poétique.

Si ces deux projets ont reçu un franc succès durant le confinement, Sylvie VIOLAN affirme “il faut toujours faire attention à ce que l’on gagne et ce que l’on perd lorsque nous utilisons ces nouveaux outils numériques”. Elle évoquera d’ailleurs la suspension du compte Facebook du FAB, en plein festival, suite à la diffusion du spectacle « Fuck me » sur le réseau social. Problème qui met le doigt sur les questions de censure et de compatibilité entre le spectacle vivant et les plateformes numériques.

Éric LEITE, administrateur du TMNlab – responsable communication du Monfort théâtre à Paris – responsable communication du Festival Paris l’été, affirme quant à lui : “ce qui nous a le plus manqué durant les confinements, c’est partager la même chose au même moment”.  Le Montfort théâtre a alors proposé des ateliers d’écriture en ligne afin de recréer du lien avec le public même éloigné géographiquement. 

Culture numérique : entre mutualisation et coopération

 

La question du numérique comme un enjeu pour le spectacle vivant existe et se posait avant la pandémie ; cette dernière a permis d’accélérer le processus. Sur se point, Joël BROUCH, directeur de l’OARA, souhaite « mettre l’humain au centre de la machine » (et non l’inverse). Le numérique n’est pas une finalité en soi, mais un outil qui permet une transition sur plusieurs niveaux.

Éric LEITE nous explique que pour être plus efficient dans le suivi de projet artistique ou bien encore sur des questions de RH, le passage au numérique s’est imposé. Le numérique permet de toucher de nouvelles personnes. En récoltant des informations ou data, nous ne pensons plus uniquement au bénéfice financier, mais aussi à une manière plus efficace de créer du lien pour toujours mieux accueillir le public. Or, cette collecte de données n’est pas facile dans une société où les publics sont de plus en plus réticents au partage de leurs informations. La transition doit se faire en premier lieu, entre les acteurs culturels ; les SMAC (Scène de Musique Actuelle) qui sont déjà équipés pour gérer ce type de données.

Toutefois, le développement du numérique suppose des savoir-faire particuliers.

Aujourd’hui, l’heure est à l’acculturation numérique : il est nécessaire d’accompagner les acteurs de la culture pour appréhender ces nouveaux outils et leurs capacités. Ces nouveaux besoins impliquent davantage de dépenses, la création de nouveaux postes qui viennent s’ajouter au budget de création des artistes et des compagnies. 

Et l’écologie du numérique ?…

Le numérique n’est pas forcément meilleur pour la planète. « Saviez-vous que prendre sa voiture et parcourir 10Km pour aller chercher un DVD et revenir, pollue moins que de regarder un film sur Netflix » s’amuse Joël BROUCH. La mode est donc à la dé-carbonisation du spectacle vivant en  réussissant à conjuguer éco-responsabilité et numérique. L’ère du numérique et le développement des plateformes de travail en ligne, nous invite à interroger le droit à la déconnexion.

État des lieux du numérique dans le spectacle vivant

Clément COUSTENOBLE, chef de projet communauté au TMNLab, est venu présenter l’étude de 2016 faisant l’état des lieux du numérique dans le spectacle vivant, accessible en ligne. Celle-ci vise à favoriser l’usage du numérique au sein des structures et non pour les productions artistiques. Grâce au numérique, les structures cherchent à renouer avec leurs publics et à repenser leurs pratiques.
Pour les plus curieux, un nouvel état des lieux a été établi en 2021 et sera présenté le 15 Novembre à l’Opéra-Comique de Paris

Initiatives et projets

Noé ROBIN, chargé de développement à la Maison des Métallos, a présenté le projet numérique de sa structure nommé « Le Hub Métallos » : un Facebook-like, sous la forme d’une plateforme libre, indépendante, gratuite et sans publicités visant à favoriser la collaboration et les échanges entre les divers acteurs du milieu culturels français. Et si la gestion de cette plateforme demande du temps, Noé ROBIN préfère aller doucement mais sûrement et prévoit déjà des évolutions prometteuses pour leur projet. + d’info sur le projet ! 

François DUPOUY