Après un master, pourquoi ne pas continuer dans la voie de la recherche grâce à un doctorat ? Voici le laboratoire de recherche en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) de l’ISIC : le MICA ! Avec ses nombreux enseignants-chercheurs qui réalisent des travaux sur des thématiques diverses et variées, il est possible de choisir parmi de nombreux sujets de thèses. Valérie Carayol (professeur des universités), Viviane Albenga (maîtresse de conférence) et Martine Versel (maîtresse de conférence), apportent leurs conseils et leur expérience pour se lancer dans la recherche universitaire. Comment et pourquoi postuler en école doctorale ? Éléments de réponse.

photographie de la maison des sciences de l'homme d'aquitaine a l'intérieur duquel se trouve le laboratoire du MICA

La Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine comprenant le laboratoire MICA. ⓒ Mayssane Hassan &t Dana Gloaguen

Le MICA (Médiations, Informations, Communication, Arts) est le laboratoire associé à l’Université Bordeaux-Montaigne. Né en 2009, il regroupe 158 enseignants-chercheurs et doctorants. Au sein du laboratoire, la recherche s’organise autour de six axes, allant des médias au design, en passant par l’innovation numérique ou encore la communication. L’établissement accueille chaque année des doctorants aux parcours uniques, venant de France ou de l’étranger !

Avec un master professionnel ou recherche, la poursuite vers un doctorat est possible. Ce diplôme confère le statut de docteur et s’obtient après huit ans d’études, le plus souvent en ayant suivi le parcours LMD (Licence, Master, Doctorat). Ce parcours se divise en trois ans de licence, puis deux ans de master et enfin trois ans de doctorat

 

Chercheur, une vocation

Parmi les divers aspects positifs du métier de chercheur, l’avantage principal est la liberté. “Nous avons une liberté de penser, nous pouvons choisir, dans la plupart des cas, les domaines spécifiques sur lesquels on veut faire notre recherche”, déclare Valérie Carayol. Elle ajoute : “c’est une liberté incroyable de passer du temps sur des sujets qui nous passionnent, au point d’en faire le centre de toute notre activité.”

 

Photo de Valérie Carayol,professeur des universités, responsable de l’axe Communication, organisation et société (COS) du MICA et directrice de la publication de la revue Communication & Organisation

Valérie Carayol est professeur des universités, responsable de l’axe Communication, organisation et société (COS) du MICA et directrice de la publication de la revue Communication & Organisation. ⓒ Site de l’ISIC Mastercom

Il faut prendre conscience que c’est un métier qui s’exerce avec détermination, où le temps de travail ne se compte pas. Valérie Carayol souligne que : “c’est un métier extrêmement prenant, parce que la réflexion intellectuelle ne s’arrête pas à la fin de la journée de travail.” La passion pour la recherche est donc essentielle. Elle précise que c’est un métier riche en activités, il n’y pas de place pour l’ennui. Cependant, elle insiste sur le fait que : “c’est un métier varié, où l’on apprend sans cesse de nouvelles choses, ce n’est jamais répétitif” et c’est l’une des forces du parcours d’enseignant-chercheur.

Photo de Viviane Albenga, maîtresse de conférence à l’IUT Bordeaux-Montaigne, sociologue et membre de l’axe Médias du MICA

Viviane Albenga est maîtresse de conférence à l’IUT Bordeaux-Montaigne, sociologue et membre de l’axe Médias du MICA. ⓒ Site du Centre Emile Durkheim (UBM)

Il n’existe pas de profil type pour devenir chercheur, mais il faut tout de même pouvoir répondre à certains pré-requis. “Je crois que la principale qualité, c’est la capacité de remise en question”, affirme Viviane Albenga. Les traits de caractères essentiels seraient : “d’avoir une certaine détermination, être aussi patient et aimer se donner des défis », affirme Valérie Carayol. Cette détermination se retrouve dans la compétition entre pairs : “nous sommes sans arrêt à faire évaluer notre travail et à évaluer celui des autres” poursuit-elle. Cependant, Viviane Albenga souligne l’importance du travail collaboratif : “écrire en collaboration permet de progresser énormément, tout comme les travaux d’encadrement à l’égard des étudiants.” Martine Versel conclut qu’il est nécessaire de faire preuve d’une grande rigueur méthodologique, et d’une certaine éthique pour tous les travaux scientifiques.

 

 

Accompagner les étudiants dans la rédaction de leur mémoire, poursuivre ses recherches dans le cadre du laboratoire MICA ou encore participer à des colloques, l’enseignant-chercheur est responsable de nombreuses missions. Cette multitude d’activités apportent quelques contraintes, qui sont souvent liées à la charge de travail ininterrompue du fait des différentes casquettes du métier. “Concernant les jeunes désireux de se lancer dans cette carrière, il arrive que certains se demandent si cette liberté-là vaut le coup par rapport aux contraintes de ce métier” déclare Valérie Carayol. Il faut donc considérer tous les aspects du métier et ses motivations personnelles avant de s’engager dans cette voie.

Enseignement et recherche

Valérie Carayol décrit le métier d’enseignant-chercheur comme étant un travail très intense, car il mélange plusieurs métiers. Celui d’enseignant, celui de chercheur, mais également les métiers d’encadrement pédagogique, les métiers de direction de formations, les métiers de direction de la recherche et puis les métiers de l’évaluation. “Cela se rapporte à la métaphore du millefeuille d’activités, car c’est un empilement de plusieurs métiers/fonctions. Nous sommes sans arrêt multitâches”, répond Valérie Carayol. Le statut de directeur de formation est particulier, seuls certains chercheurs sont responsables de licence ou de master. Ils organisent les admissions et le contenu de la formation. 

 

“En tant que maîtresse de conférence, la recherche vient toujours dans les interstices entre les travaux d’encadrement et les cours” affirme Viviane Albenga. L’enseignement prend une place importante dans la vie du chercheur, il doit donc jongler sans cesse entre ses différentes missions.

 

Chacun des axes du MICA est composé de trente à cinquante chercheurs.“Chaque axe organise les modalités de rencontre, de travail de manière autonome. Ça peut être des séminaires trimestrielles, des réunions mensuelles ou encore des journées d’étude ponctuelles”, déclare Martine Versel. De plus, elle explique comment les chercheurs du MICA organisent les travaux scientifiques entre pairs : “chaque axe définit des thèmes de recherche en commun avec le MICA, c’est-à-dire des grands thèmes communs.” Mais les chercheurs du MICA, selon leur domaine de recherche, peuvent également choisir leurs sujets de réflexions. 

 

Le déclic pour entreprendre des études de doctorat peut se faire selon les opportunités qui s’offrent à chacun. Martine Versel explique que c’est après une offre d’allocation de recherche en France à l’université de Toulouse, qu’elle a sérieusement réfléchi à devenir enseignante-chercheuse. De même, Viviane Albenga a souhaité devenir chercheuse suite à des cours de sociologie : “j’ai découvert deux tendances de la sociologie qui m’ont durablement marqué et qui ont peut-être décidé de mon parcours, d’un côté la sociologie bourdieusienne et de l’autre côté, la sociologie du genre.” Valérie Carayol, tout en exerçant le métier d’institutrice, étudiait la linguistique pour se diriger plus tard vers la communication. Elle a souhaité poursuivre ses études en communication grâce à sa passion pour ce domaine, mais également grâce à ses rencontres avec différents professeurs spécialisés dans les SIC. Discuter avec des professionnels, des doctorants pour comprendre la réalité du métier peut être un bon moyen pour se projeter.

 

Comment postuler en école doctorale ?

Le parcours pour devenir enseignant-chercheur varie en fonction des objectifs de chacun. En commençant par un doctorat, il existe plusieurs concours pour ensuite poursuivre vers le statut de maître de conférences, puis de professeur des universités. Pour le concours de professeur des universités, il faut être inscrit sur une liste de qualification avant de pouvoir candidater. La différence entre ces deux statuts est qu’un professeur des universités est habilité à encadrer des thèses de doctorat. Les concours pour être professeur des universités sont généralement organisés par l’établissement qui recrute. 

 

Chaque année, il est possible de postuler en doctorat au laboratoire MICA de l’Université Bordeaux-Montaigne, selon un certain nombre de critères. Il est obligatoire de posséder un Master 2 en SIC avec au minimum une Mention Bien. Il est aussi possible de candidater avec un Master 2 en Sciences Humaines et Sociales à condition d’avoir été formé en Information et Communication au cours de son cursus universitaire. Ensuite, il faut trouver son sujet de thèse et le soumettre à un directeur de recherche potentiel, qui doit accepter d’encadrer le projet. Enfin, pour finaliser le dossier de candidature, il faut réunir CV, lettre de motivation, relevés de notes des deux années de Master, ainsi qu’une lettre de recommandation du directeur de mémoire de M2.

 

Il est possible de financer sa thèse grâce à différents organismes tels que le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ou encore la Convention Industrielle de Formation. Le doctorant peut également enseigner en parallèle de ses travaux de recherche. C’est un contrat d’enseignement nommé “Attaché Temporaire d’Etudes et de Recherche” (ATER) et qui confère le statut d’agent contractuel. La liste des postes d’ATER est disponible sur le site du Ministère de l’Enseignement Supérieur de et la Recherche.

 

Pour finir, par des questionnements financiers, le salaire de l’enseignant-chercheur varie considérablement selon ses années d’expérience. En début de carrière, c’est-à-dire moins de trois ans d’activité, le salaire se situe autour de 1750 € net/mois. Au fil des années, il augmente petit à petit, au bout de dix ans la rémunération peut atteindre 3200 € net/mois. 

 

Plusieurs primes sont attribuées selon certains critères. Parmi elles, la prime de recherche et d’enseignement supérieur qui est accordée à tous les enseignants chercheurs dans le supérieur qui équivaut à 1 245€ par année scolaire.

Charlotte Pires, étudiante en master Consulting et Expertise en communication