photographie d'un bureau d'entreprise, les chaises sont toutes vides pour représeter l'absence des salariés

Le management des absences et ses enjeux majeurs pour les organisations

 

Le 17 février dernier, le Cercle Innovation de la fondation Paris Dauphine proposait un webinaire animé par Pierre Souchon, directeur de Caracal Stratégies, un cabinet de conseil spécialisé dans la performance du travail et le management des risques. Une belle opportunité pour comprendre le domaine du management des absences et ses enjeux majeurs pour les organisations.

 

L’absentéisme : un sujet médiatique instable

L’absentéisme en organisation est un sujet largement traité par les médias français, mais pas forcément de manière objective. Pierre Souchon identifie d’ailleurs trois types d’instabilité dans le traitement médiatique de l’absentéisme :

  • La première instabilité est celle du concept d’absence. Entre congés maternité, arrêts maladies, absences imprévues, difficile de connaître la nature de l’absentéisme traitée dans les différentes études.
  • La seconde instabilité identifiée est celle de la méthode. Les taux d’absentéisme partagés divergent selon les études.
  • La dernière instabilité se porte sur le calcul du taux d’absentéisme. En bref, l’absentéisme reste un sujet commun qui offre plusieurs manières de l’analyser.

Malgré de multiples études sur le sujet,
« le management des absences reste encore à défricher »

 

La représentation des absences : pas un enjeu de management

Les catégories de description des absences sont utilisées sur un terrain qui ne correspond pas au management. L’absentéisme reste alors un sujet administratif de protection sociale. Prenons l’exemple de la comptabilité des heures d’absences : les durées d’absences sont toutes comptabilisées, comme si elles se valaient toutes.

Or, selon le prisme managérial, ce n’est pas tant les durées d’absence qui comptent, mais bien l’impact de ces absences sur les organisations. Ainsi, les absences doivent être mesurées selon les types de postes non assurés : quelles organisations du retour à l’emploi ? Quels changements effectués pour remplacer le poste vacant ?

L’arrivée du CoVid-19 et du télétravail réinterroge les frontières entre présence et absence. L’absence au travail peut dorénavant être considéré comme un acte citoyen, Pierre Souchon parle de « vertu pour ne pas contaminer ses collègues ». Et voilà qu’avec le télétravail, nous pouvons être présent en étant absent.

L’absentéisme n’a plus de contours nets. Alors, comment étudier le management des absences quand les indicateurs et les outils mobilisés altèrent le jugement et les travaux dans ce domaine ?

 

Le management des absences : un domaine d’innovation

Après avoir étudié l’absentéisme en milieu hospitalier, Pierre Souchon, David Albert (professeur et chercheur membre de Dauphine Recherches en Management) et Sébastien Damart (professeur et chercheur membre de Dauphine Recherches en Management) ont analysé les coûts directs et indirects de ces absences. Une manière de mieux comprendre le management des absences. Ainsi, si une équipe décide de palier une absence pour maintenir la qualité de service, nous pouvons ressentir du surmenage, voire une augmentation de la charge de travail. Une preuve que l’analyse de l’impact des absences devrait se faire en coût et non en temps.

Par ailleurs, cette étude révèle quatre critères inhérents à une continuité de production possible grâce au management des absences :

  • L’élasticité : ce critère concerne les équipes qui absorbent l’absence en développant une cohésion, une entraide. Ici, les coûts des absences sont moindres.
  • La réactivité : ce critère relève la capacité à concevoir une stratégie d’action quand survient l’imprévu d’une absence.
  • La proactivité : ce critère vise à répondre par l’anticipation et l’imagination de la gestion d’absences, afin d’y être moins vulnérable.
  • La plasticité : ce critère invite à s’inspirer de son expérience passée pour anticiper les absences et ne pas recréer les erreurs déjà faites.

Si les absents ont pendant longtemps étaient blâmés, nous nous rendons compte aujourd’hui que les outils et méthodes d’analyse de l’absentéisme peuvent, eux aussi, être en tort. Loin de nous l’idée de vous inciter à vous absenter… Mais plutôt que de cristalliser « le fait d’être absent », ne devrions-nous pas nous intéresser davantage aux impacts de l’absentéisme, par le biais du management des absences. Il n’en tient qu’à nous de changer de regard pour envisager autrement l’absentéisme dans les organisations.

 

Maellysse Ferreira et Floriane Belin, Première année Masters « Stratégie et politique » et « Consulting et Expertise » – Equipe Evénemenquables