Dès le début de leur formation, les étudiants en Master Communication des Organisations sont immergés dans leur travail de recherche en communication des organisations.

Encadrés par des enseignants chercheurs de l’ISIC, ils sont libres de choisir le sujet qui constituera leur recherche pendant deux ans. En acquérant une méthodologie propre à leur discipline, ils deviennent experts du domaine qui les intéresse. Comment mettent-ils en marche leur réflexion au service de la recherche ? Comment transforment-ils cette recherche en ouvrage ? Rencontre avec Élise Nicaise et Élodie Gray, toutes deux diplômées en 2018.

Un mémoire, une méthodologie

“Pour ma part, mon sujet était une évidence : je savais avant mon entrée en master que je voulais traiter des risques psychosociaux au travail et de leur lien avec la communication”. Élodie Gray, ancienne étudiante diplômée du master Consulting et Expertise, a tiré de son expérience de vie le sujet de son mémoire.

Pendant ses deux années, elle a travaillé sur le thème de “La souffrance au travail : un défaut de communication” après avoir assisté à ce phénomène dans son entourage proche. Elle a tout de suite voulu y lier l’aspect communication, et dès son entretien de recrutement (ancienne épreuve d’entrée en master), elle a su le mettre en avant.

Son accompagnement par Nadège Soubiale, maître de conférence et responsable du master Consulting et expertise, s’est imposé naturellement selon elle au fil des échanges : cela “tombait sous le sens”. Son travail a également été suivi par une deuxième encadrante, professionnelle et membre de l’ARACT (l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail), dont elle a reçu des conseils.

Quant à sa méthodologie de recherche, elle a été simple : elle a d’abord lu des ouvrages sur le sujet, conseillés par Nadège Soubiale. Elle a ensuite dégagé des hypothèses grâce à ses recherches, et a ainsi construit son état de l’art (un état des lieux des recherches faites sur le sujet). “C’est ce que j’ai préféré faire : partir du sujet, m’informer, le travailler, arriver aux premiers résultats, confirmer/infirmer des hypothèses…”.

Une autre approche de l’exercice

Quant à Élise, sa première envie était de regarder “la manière dont les organisations s’intéressent elles-mêmes à leur réputation et précisément e-réputation. Comment elles se saisissent de l’opportunité qui leur est donnée de pouvoir converser directement avec leur communauté ?”

Le choix de son sujet s’est fait en se questionnant sur les sujets de demain. Après l’avoir choisi, la question de sa tutrice s’est imposée naturellement “c’est en discutant avec mes profs de mon sujet qu’ils m’ont dit que ce serait Valérie Carayol qui serait la plus adaptée pour me suivre.” Elles se sont vues à chaque grandes étapes et ont beaucoup échangé par téléphone.

“Valérie Carayol, m’a aidé à creuser et à en sortir une problématique. C’est comme ça que je suis arrivée à la modération commerciale de contenu et aux enjeux de réputation(s).”

Au niveau méthodologique, elle a suivi le système d’entonnoir enseigné par Agnès Pecolo en première année de master. “C’est vraiment ça, tu pars d’un truc très large et tu réduis et après en repartant de ça tu réduis à nouveau… C’est comme ça que tu sors des concepts et des notions théoriques.”

Pour l’étude de terrain, c’est toujours bien suivie par sa tutrice qu’elle a choisi de faire une enquête. En envoyant des questionnaires sur LinkedIn, elle s’est confrontée à une difficulté. “Je n’ai eu que 34 répondants même si j’en ai contacté beaucoup plus”. Elle explique que cela est certainement lié à son sujet. Elle a tout de même pu utiliser ses résultats pour répondre à sa problématique.

À la fin de son mémoire, Élise aurait pu poursuivre sa recherche : “ma directrice m’avait proposé de faire une thèse” mais elle a préféré arrêter ses études.

Un important retour d’expérience

Leur travail sur ce mémoire leur a en tout cas appris à prendre du recul. Élodie confie : “j’étais persuadée que je saurai facilement rédiger ce mémoire parce que j’avais déjà fait des rapports de stage. Mais là, la difficulté, c’est qu’il faut réfléchir à l’envers en faisant d’abord l’état de l’art puis les hypothèses. Ça apprend à remettre les pieds sur terre, à structurer sa pensée”. Elle explique notamment qu’elle en a énormément appris sur son sujet, à tel point qu’elle “ne savait plus où caser tout ça” : elle a compris l’importance de faire le tri et de prioriser ses informations.

Quant à Élise, elle se livre : “j’ai eu énormément d’apports sur la thématique des fakes news, les questions de pouvoir et de contrôle de l’information. Cela m’a permis de penser à des choses auxquelles je n’avais pas vraiment réfléchi. Sur le plan professionnel, ça m’a permis de développer tout ce qui est mise en place des stratégies de veille, d’écoute, notamment pour les réseaux sociaux.” Néanmoins, elle regrette : “dans le cadre de l’exercice de recherche, je suis arrivée au bout de ce que je voulais établir. Mais pour la partie terrain non. Cela est clairement dû au manque de temps. Pour faire une étude intéressante il aurait fallu que je fasse une thèse.”

Elles n’en retirent cependant que du positif : Élodie parle d’un sujet intéressant qui lui a beaucoup appris, qu’elle est fière de faire-valoir lors de ses entretiens d’embauche. Élise parle d”’un exercice très intéressant, je ne pensais que ça me plairait autant”.

Des petits conseils pour la route !

“Si je devais recommencer, sans hésiter je travaillerais plus en première année !” regrette Élodie qui n’a pas pu aller au bout de son sujet, par manque de temps et du fait de la délicatesse du sujet qu’elle traitait. Elle explique qu’avec le stage, le rapport de stage, “on n’a plus le temps de s’y pencher”. Elle insiste donc sur le fait de ne pas négliger les premières semaines de travail sur le mémoire, de manière à construire sa revue de la littérature, définir des hypothèses et des axes de recherches dès la fin de la première année. Ainsi, la récolte de données peut être mise en place dès le début de la seconde.

Quant à Elise : “je ne changerais pas grand chose si ce n’est prendre plus de temps.” Elle note notamment que : j’ai beaucoup pu creuser la revue de la littérature et la première partie mais par contre, le terrain clairement, j’aurais jamais pu faire une enquête aboutie ou en tout cas pas un bilan représentatif”. Elle fait aussi remarquer que “ce qui serait intéressant c’est de prendre plus de temps, des temps de pause réguliers, pour prendre du recul et revenir avec un œil frais.” Elle l’a notamment constaté, elle même : tout l’été, je n’y ai pas touché et en septembre, je suis revenue avec l’esprit beaucoup plus clair. Prendre du recul c’est important !”

Il y a tout de même un point sur lequel les deux filles s’accordent : le choix du sujet. “Il s’agit de bien le choisir puisque vous allez passer beaucoup beaucoup de temps avec” explique Élise. Élodie quant à elle va plus loin : “si on n’a pas d’affinités avec le sujet ça risque d’être compliqué : parfois ça parasite même l’esprit !”. Elles conseillent aux étudiants de s’octroyer des moments de pauses, qui permettent à la fois de reposer l’esprit mais aussi de prendre du recul pour y voir plus clair.

Quoi qu’il en soit, il faut voir cela comme “un travail intéressant et enrichissant, et surtout pas comme une corvée !”.

Cet exercice que tous les étudiants de Master réalisent pendant leurs années d’études à l’ISIC, permet à tous de développer une vraie expertise sur un sujet. Ce travail peut même être valorisé dans la vie professionnelle future, lors d’entretiens par exemple.

Solenn LHOTELLIER et Julie VAURS, étudiantes en M1 Stratégie et politique de communication